J’ai le cou d’une joueuse de rugby…
Il y a 8 ans...
Le choc !
"Qu’avez vous fait Madame Ravachol ? Normalement c’est une joueuse de rugby de 40 ans qui a ces clichés ! " Merci Docteure, je me sens davantage spéciale... étage C6-C7, le cou d’une joueuse de rugby ? Je suis technicienne, je danse de temps en temps, j’ai deux hernies discales volumineuses à 30 ans…
Cette question résonne plusieurs fois dans ma tête, tel un tambour insistant "Qu'avez vous fait pour en arriver là ?" avec le même effet sur moi à chaque fois: arrêt sur image, un vide plein envahissant mes doigts de pieds, remontant jusqu'à la tête. J’ai envie de répondre : je ne sais pas ! TOUT! c’est un tout ! "
Qu'avez vous fait pour en arriver là ?" les larmes coulent toutes seules, j’ai un sentiment étrange associant tristesse et soulagement. Un soulagement d’en savoir un peu plus, comprendre un morceau de mon mal être, sûrement le bout de l’entonnoir. Et une tristesse de payer autant l’abandon de mon corps, de réaliser l’évidence : sous mes airs angéliques, je vis au fond, un enfer. C’est tout mon être profond qui a mal…à ce moment précis, peut-être parce que je me l’avoue, une joie douce au fond de mon ventre jaillit comme une petite flamme. Je pressens un renouveau, ce choc a déjà son effet, je suis déjà en train de bouger. Une discussion importante est en train de se passer, avec un ami de longue date : mon CORPS. Il me tanne de prendre un rendez vous depuis trop longtemps, il a enfin lieu. C’est allé loin, très loin mais je suis rassurée, nous sommes de nouveau en contact, ce fameux temps de l’oubli est révolu.
Le coup de sifflet
C’est maintenant que tout se joue, c’est du sérieux, je foule ce terrain glissant, sinon je vais m’enfoncer dans le banc de remplaçant. Toutes ces questions deviennent alors prioritaires. Les réponses deviennent une quête puissante, presque impérieuse.
Est ce que je tombe dans un profond ennui, dont je n’arrive même pas à cerner les contours ? Est ce que j’en perds ma joie de vivre ? Est ce que je m’empêche de devenir créatrice d’un chemin pétillant ? Est- ce que j’aspire à autre chose ? Quelle serait la voie, sans cette technique? Elle ne me fait plus vibrer, même pire elle s’efface de ma mémoire comme les traces de craies sur un tableau noir. Mon esprit scientifique et ma curiosité se transposent dans les sciences humaines.
Est-ce que j’utilise réellement le potentiel humain que j’ai au service de l’humain ? Est ce que je peux ressentir plus d’engouement au travail ? Est ce que je veux continuer à construire quelque chose de stable confortable, nuances de gris, ou prendre un chemin risqué mais coloré ? Et si ça pouvait être moins binaire, une vie plus stimulante en ayant une sécurité ? Et si tous mes conditionnements participent fortement à mon auto sabotage, comment les dépasser ? Que représente une vie plus épanouissante ? Est ce que la perception de moi même est un miroir que je peux nettoyer ?
Le rebond
Prendre cette situation comme un rebond, alors quel pourrait être l’avantage de ce moment ? Mon monde et mon quotidien s'écroulent pendant plusieurs mois. Est ce que ce n’est pas là pour moi l’occasion de réévaluer mes fondations, explorer la possibilité d’un nouveau paradigme interne? Cet état n'est pas anodin, c'est l'appel à la résilience, la reconstruction à partir de bases différentes, à l’exploration du changement.
La meilleure manière d'honorer cette maladie, au-delà de me reposer, c'est de faire un énorme bilan, de me projeter dans un avenir où ce corps est écouté. Un défi de dépasser les blessures agrippantes, revoir l'adhésion des besoins, retrouver mes essais réussis, m'entrainer aux actions nourrissantes.
Cet événement se présente comme un souhait de redéfinir ma place, réévaluer le sens de ce que j'entreprends. Je peux réellement oser contacter la version de moi même beaucoup plus lucide, confiante, audacieuse.
Travailler dans la recherche scientifique au CEA Grenoble pour les solutions énergétiques a un sens. Une autre direction se dessine, j’ai envie d’apporter autre chose à la société et écouter une voie intérieure sans la rejeter. Ce qui m’anime c’est l’humain, la maïeutique, l’accompagnement, cela me paraît au centre de tout le reste. Il y a quelques années j’ai eu une expérience en tant que tutrice et référente dans un projet d’intégration d’une personne Neuro-atypique dans mon laboratoire. Une femme extraordinaire, tout comme la Coach & éducatrice spécialisée, faisant parti du projet. Leur encouragement de me diriger dans l’accompagnement, a eu un effet, cela dit j’ai classé l’idée dans un tiroir avec mes peurs. Alors que cette expérience m'a déjà marqué, le 2ème déclic a lieu maintenant.
Aujourd’hui je me sens prête à me lancer pour envisager un métier dans ce domaine, à suivre un élan transformé. Il n’y a pas seulement l’activité professionnelle qui passe dans la roue du changement, mais aussi mon rapport avec moi-même, aux autres, à la danse. J’ai envie de prendre soin de ma vitalité, de revoir ma nourriture au sens large, de simplifier les rapports avec mon entourage. Certains parlent de virage à 180 degrés, d'autres appellent ça un éveil ou un alignement. Personnellement, à ce moment là je ressens un choc interne mêlé à une conviction d'aller plus loin, de suivre un élan vital sans avoir froid aux yeux. Comme si une partie de moi était préparé à ce moment fatidique, un chronomètre interne me disant qu'il est temps de me reprendre en main, bien plus que ça, me reprendre à cœur.
Ma stratégie
C’est très simple, Rétablissement à ma façon, reconversion qui a du sens. J’aimerai aller plus loin dans les méandres de la psyché, faire le lien avec le corps. Prendre soin de moi comme jamais, découvrir des méthodes, en faire un grand projet de vie.
A présent, chaque pas vers moi, c'est un pas aussi vers l'autre. Au-delà de récupérer une santé, pour accompagner l'humain, je m'engage à aller en profondeur dans mon introspection. Je ne veux plus revenir en arrière, je ne peux plus.
Ma colonne vertébrale est devenue un repère, mon axe, mon corps est de nouveau mon repaire.
2015 : Les premières foulées à la rencontre de professionnels (suite autres articles)
- Accompagnement d’un an en kinésithérapie avec Kenji Yokoyama, dans ce centre où la posture dans son ensemble est analysée.
- Formation au cours 101 Analyse transactionnelle: théorie simple et complexe à la fois, grille de lecture intéressante sur les états du moi et les jeux psychologiques dans les relations pour améliorer la communication interpersonnelle.
- Découverte lors d'un trimestre de la force du lien entre les émotions et le corps, la transformation des tensions par l’imaginaire, la métaphore et l’auto-massage.