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Suis je Neuro-atypique?

Suis je Neuro-atypique ?

Est-ce que je souhaite vraiment répondre ? Est-ce que je dois ? Est-ce que je suis prête ? Qu’est-ce que cela m’apporterait ? Je serai quel type de Neuro-atypie ? Est-ce que je veux rentrer dans une catégorie d’une catégorie de profils hors catégorie ? Quel beau paradoxe !

Ce thème s’inscrit complètement sur la route de ma philosophie de vie. Je pends le soin de me rappeler que la carte n’est pas le territoire, j’apprécie pouvoir me perdre dans les méandres de la psyché. Je veux rester souple dans la perception de moi-même, et suivre le panneau « toute directions ». Ouverte aux découvertes de mon intérieur sans destination précise. Je ne veux pas savoir qui je suis en regardant une cible, mais sentir qui je suis en allant dans mes paysages internes.

Cela me fait penser au positionnement que j’ai tenu il y a 14 ans, au début de ma première expérience officielle d’accompagnement ; tutrice et référente d’une alternante en DUT. Je n’ai pas voulu lire les documents sur l’Autisme Asperger, j’ai préféré accueillir la stagiaire dans toute son humanité. Je cherchais à comprendre qui elle était, non pas un trouble et son impact.

Toutes ses questions me ramènent à l’essentiel du genre humain, me font réfléchir à la manière de vivre avec ses différences. Elles peuvent s’intégrer dans l’épanouissement, être un signe particulier apprécié en tant que signature de la personnalité. Un côté décalé, attachant, une aspérité charmante complétant bien l’image lisse que nous aimons mettre en avant.

Les coulisses de l’égo sont autant intéressantes que sa mise en scène. D’ailleurs, allons plus loin dans la visite, nous découvrons les différences qui sont détestées, refoulées, définissant une personnalité handicapée, handicapante pour les autres. Tel un vase rempli de tares que nous laissons volontiers sur le bord de la route. Les plus souffrantes sont celles qui nous coupent des autres, nous donnant le gout amer de devoir se faire aimer, de se prouver à soi que l’on n’est pas normal. Se demander si l’on est inapproprié à la société qui nous porte, pire si elle nous supporte. Je crois même que la plus grande peur chez l’humain, c’est de devenir fou et inutile, ou simplement être vu comme tel.

La recherche de l’identité dans la jeunesse est pourtant schizophrénique, basée sur le fait de correspondre à ce que les autres attendent, éviter à tout prix, les moqueries, les rejets, les punitions, être discret. Et à la fois chercher à se démarquer en tant qu’individu spécial en exagérant un trait. « Sois comme les autres tout en étant toi-même ». J’ai toujours été une adolescente sage, respectant les règles au collège, mais j’affichais mon côté rebelle en m’habillant comme je voulais et en n'appliquant pas les codes sociaux. L’autorité cadrant de la structure d’apprentissage selon moi avait plus d’importance que l’injonction sociale du groupe. D’ailleurs, je n’allais pas à l’école pour avoir des amis, seulement pour apprendre.

Dans le groupe, les qualités peuvent devenir pesantes et inadaptées selon l’environnement et faire que la solitude devient un refuge, par dépit. Par exemple comprendre vite peut être frustrant dans un groupe d’apprentissage où la pédagogie s’adapte au rythme de la majorité. Est-ce que l’on est certains de ce qu’il se passe pour elle ? Peut-être que d’autres personnes ressentent la même chose que moi, mais ne le conscientisent pas, ou n’osent pas le dire. Si elles ont du mal, décrochent dix fois en 5 min, c’est parce que ça ne les intéresse pas, est ce envisageable ? Néanmoins ces frustrations font travailler sur d’autres qualités, comme la patience et l’adaptabilité. Et aussi à gérer son feu interne en devenant en partie zen.

Heureusement, Grâce a certaines rencontres, à mes expériences professionnelles, des choix de vies d’adulte, j’ai appris à mieux m’adapter, comprendre le cadre mais que je devais aussi adapter mon environnement à mes aspirations. J'ai commencé à avoir de l'ambition quand j’ai réellement exprimé ce qui m’animait et osé regarder mes compétences au-delà d’un métier. Quand j'ai accepté mon atypie. Savoir si je suis Neuro-atypique, m’intéresse peu, cela dit, me connecter à ce qui me rend atypique et fière de l’être m’anime chaque jour.

Une vague de chaleur parcourt mon ventre jusqu’à ma poitrine, je redresse un peu plus ma colonne, je connais cette sensation teintée par la couleur de ma révolution. Une partie de moi reste rebelle, celle que j’ai contactée concrètement depuis l’enfance. Le principe même d’originalité dans un sens plus global, le non-conformisme, l’unicité. J’aime ce qui n’est pas commun, certains diraient étrange, je trouve ça beau, riche, c’est surprenant, perturbant. j’aime me dire que nous sommes tout singulièrement atypiques, nuancés, à plusieurs étages. Nous avons tous un potentiel latent, endormi, utilisé ou en expansion.

Aujourd’hui, je suis typique parmi les atypiques, et mon environnement est rempli de Neuro-atypiques. J’en perds surement mon objectivité. J’ai tendance à croire que nous avons tous les mêmes besoins et attentes au fond en tant qu’humain, que c’est plus flagrant chez certains car les écouter devient vital.

As tu fais le test?

Merci, aux personnes qui m’ont posé cette question, « As-tu fait le test ? », a suivi une déferlante de points d’interrogation comme je les aime et je n’ai toujours pas de réponses tranchées. Est ce que j'en ai envie? telle est la question.
En ne faisant pas le pas, j’anticipe une imprégnation potentielle trop marquée dans mon esprit, comme si je refusais de graver dans le marbre une partie de ce que je suis symboliquement.
Ça m’aurait surement aidé il y a quelques années, surtout dans mon adolescence. J’aurai plus vite compris mes bizarreries, été plus indulgente avec moi-même, cherché à rencontrer des personnes qui me comprennent au lieu de m’isoler. Je ne me serai pas jugé comme "pas assez". J'aurai eu un déclic, comme pour ma famille par effet domino, utilisé ce leitmotiv plus tôt : Think outside the box.
Ou alors je n’aurai pas accepté d’être étiqueté, conditionné par quelques critères, je serai encore plus rebelle, je me serai identifiée à une image surement réduite ou rejetée.  j’aurai expliqué mes difficultés, les utiliser sans chercher à les surmonter, comme un bénéfice secondaire à la problématique. Ce ne sont que des suppositions fondées sur la grande imagination de mon esprit à expliquer un non-acte, rien de bien sérieux comme cet article.

Certains diagnostiques se font à 40 ans, souvent soit par le reflet de leur enfant, soit parce qu'elles ne souhaitent plus s'adapter ou compenser. L'entourage ne comprends pas ces changements, a l'impression qu'avant ils vivaient dans un mensonge.

Les structures scolaires, les études scientifiques, les professionnels de l'accompagnement évoluent de plus en plus sur le sujet. Cela donne accès à une meilleure connaissance et une augmentation du nombre de personnes détectées. Ce serait intéressant d'avoir les chiffres en 2024 !

Chacun peut voir son intérêt de poser des repères dans sa grande quête : se reconnaitre. Je me suis posé des milliers de questions sur moi, je me suis observé, j’ai expérimenté, identifié ce que je ne suis pas, fait le choix de me voir avec des traits de caractères à affiner. Une œuvre sans fin, un dessin plus réaliste à chaque phase de vie, une représentation plus aboutie de mes lignes interne, mes courbes, mes ombres, mes zones plus éclairées.
Au fur et à mesure, j’ai compris mon réel objectif : être épanouie en décidant où est ma place et être au service de l'humain. Je l’ai trouvé en ne la cherchant plus à l’extérieur. J’ai appris à m’aimer sous plusieurs angles, à me voir spéciale, à pousser les limites de ma propre image. Ma place n’est plus à chercher, je l’occupe en existant dans mon intégrité.

La neurodiversité

Pour finir, je vous partage une réflexion intéressante autour du sujet de l'Autisme Asperger (TSA sans déficience intellectuelle), amené dans le livre "je pense mieux" de Christel Petitcollin. Elle parle de la neurodiversité qui réunit les Neurotypiques et Neuro-atypiques et fait le parallèle avec la biodiversité. Une approche présentant le syndrome TSA comme un état d’être différent et non de maladie. Alors qu’est-ce que la norme ? Quand est-ce que le handicap est reconnu ou ne l’est pas ? Quand est-ce que le handicap devient une maladie ? Devons nous associer le trouble à ce qui est anormal ? Disons que cette hypothèse sur la neurodiversité part du postulat presque philosophique, qu’il y a que des fonctionnement différents s’inscrivant dans une richesse de la vie. Cela rejoint ma vision humaniste et n’en réduit pas non plus le regard lucide sur la souffrance associée.
D’humeur joueuse, j’extrapole la notion d’état plus que de maladie, si je devais décrire ma «Neuro-atypie Mood » : quand je suis concentrée sur un projet ou à l’inverse en ennui profond, je deviens Aspie, je suis hypersensible le soir, je suis neuro-typique en société, deviens TDAH quand j’ai envie de tout faire, HPI quand je suis passionnée.

En réalité, il y a bien une catégorie qui attise ma curiosité pour mon cas, c’est ce que j’ai découvert il y a 4 ans, le terme « multi-potentiel ». Je suis même tentée de me l’approprier quelques jours. Existe-t-il un test d’ailleurs ?

Voir l'article "Je suis multi-potentiel"

Angèle facilitatrice